Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,
Je tiens à exprimer plusieurs réflexions par rapport à l’arrêt rendu par la Cour d’Appel de Mons.
Premièrement, je me félicite évidemment que notre parti, le MR, ait depuis de nombreux mois, tiré la sonnette d’alarme et présenté, à tous les niveaux de pouvoirs, des textes visant à améliorer le « vivre ensemble ». Textes résultants d’une vaste réflexion sur l’interculturalité menée en interne depuis maintenant plus d’un an.
J’ai le souvenir des arguments qui nous étaient opposés à chaque fois : rien ne presse, aucun problème ne se pose, attendons la fin des célèbres assises de l’interculturalité.
Nous devons malheureusement constater aujourd’hui que nous avions raison et que les problèmes comme celui que nous devons résoudre aujourd’hui se profilaient. Faut-il d’ailleurs attendre qu’un problème se pose pour émettre un règlement ou voter un décret ? En démocratie, les citoyens doivent être clairement informés de ce qui est attendu de leur part et les règlements ou les décrets ont évidemment une vertu préventive.
L’arrêt de la Cour de Mons et l’arrêt du conseil d’Etat concernant l’enseignement flamand sont révélateurs de la volonté du pouvoir judiciaire d’amener le pouvoir politique à prendre ses responsabilités.
Nous n’avons eu de cesse que de le demander également et je me permets aujourd’hui de regretter que nous n’ayons pas été suivis.
Cela aurait évité le gâchis que nous devons aujourd’hui réparer et qui laissera évidemment des traces ne serait-ce que chez les élèves de notre enseignement communal qui sont bien malgré eux les premières victimes de cette non gestion en voyant leur scolarité perturbée.
En matière de non-gestion, et j’en viens à mon deuxième point, je continue à avoir beaucoup de mal à comprendre comment une enseignante peut exercer sa profession en portant un voile religieux pendant deux ans et demi dans le réseau communal sans que personne n’y trouve rien à redire. J’ai renoncé à établir la responsabilité de qui que se soit dans cette affaire mais je pense que cet épisode malheureux devrait inciter la Ville de Charleroi à réfléchir aux valeurs que doit refléter son enseignement et à renforcer l’adhésion à ces valeurs dans la communauté éducative.
Dans un troisième temps, je souhaite féliciter le collège.
Je considère que les mesures prises suite à l’arrêt de la cour d’Appel de Mons sont adéquates et que ces mesures ont été prises de façon courageuse.
Cette affaire n’est certainement par terminée et nous aurons dans les jours et les semaines qui viennent d’autres recours contre les règlements que nous allons voter ce soir. Je suis très fier que nous ayons immédiatement réaffirmé le principe de la neutralité de l’enseignement communal et qu’au-delà de la référence au Décret de la Communauté française du 31 mars 1994, les différents règlements que nous votons pour chacun des niveaux d’enseignement disposent enfin très clairement que « le port de tout signe ostensible religieux, politique ou philosophique est interdit aux membres du personnel enseignant en ce compris le personnel directeur et auxiliaire d’éducation lorsqu’ils se trouvent dans l’enceinte de l’établissement où ils sont affectés ou en dehors de celui-ci dans l’exercice de leur fonction. »
Il n’en reste pas moins vrai que la Communauté française doit elle aussi réagir vite. Je me réjouis que Maître UYTTENDAEL dont on connait la force de lobbying se soit vu confier la mission d’intervenir auprès de la Ministre de l’enseignement.
J’espère qu’il sera mieux entendu que les parlementaires MR qui le font depuis de nombreux mois.
Enfin, j’espère que notre Conseil Communal saura se montrer unanime pour défendre ce principe élémentaire qu’est la neutralité de notre enseignement. Charleroi est une ville multiculturelle et c’est une chance. Nos concitoyens sont d’origines diverses, différentes religions et conceptions philosophiques coexistent dans la plus grande harmonie. Nous devons veiller à préserver ce modèle qui implique la neutralité de l’enseignement public qui doit rester ce creuset où nos élèves dans leur diversité viennent se forger des valeurs communes.
J’ai entendu tous les présidents des partis démocratiques exprimer leur attachement à la neutralité de l’enseignement public et considérer qu’il n’est pas souhaitable qu’un enseignant affiche ses convictions religieuses au travers du port du voile. J’espère que les représentants de ces partis seront aujourd’hui unanimes à défendre cette neutralité de l’enseignement et qu’aucun vote ne permette à l’un ou l’autre de maintenir une ambiguïté ne fut-ce qu’à des fins électoralistes.
Je vous remercie
Olivier CHASTEL
Conseiller communal