Questions jointes de Mme Snoy et d’Oppuers, M. Van der Maelen et M. De Clercq
Question :
Thérèse Snoy et d’Oppuers (Ecolo-Groen!):Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, une situation dramatique prévaut dans ce que l’on appelle la Corne de l’Afrique, c’est-à-dire en Somalie, en Éthiopie et au Kenya où il y a urgence humanitaire.
Selon les informations dont nous disposons, environ onze millions de personnes sont menacées de famine. Cette situation est due à un ensemble de facteurs parmi lesquels la sécheresse qui n’a jamais été aussi importante et aussi grave depuis 150 ans. Ces pays, et en particulier la Somalie, sont également confrontés à un problème d’insécurité, raison pour laquelle on assiste à des mouvements de populations vers le Kenya et l’Éthiopie où les camps de réfugiés sont saturés. Il est question de 350 000 personnes qui se retrouveraient à la frontière du Kenya. Les organisations humanitaires sur place sont dépassées et n’arrivent plus à nourrir les gens. Une faiblesse en termes de gouvernance est également à déplorer dans ces pays.
Par ailleurs, j’ai lu que l’insuffisance de denrées alimentaires disponibles serait due à l’augmentation des prix plus importante encore dans ces pays.
Hier, nous discutions d’une résolution relative à la hausse de prix des aliments. Il s’agit là d’une cruelle illustration de cette problématique.
Monsieur le secrétaire d’État, quelles initiatives la Belgique peut-elle prendre afin de faire face à cette situation d’urgence? Comment expliquez-vous que l’on puisse arriver à de telles situations sans que la communauté internationale ne s’en soit aperçue?
Dirk Van der Maelen (sp.a):En raison de la combinaison d’une série de facteurs comme la sécheresse, la spéculation sur les marchés alimentaires, la guerre et un taux de natalité élevé, la Corne de l’Afrique est à nouveau confrontée à un drame humanitaire. Les Nations Unies ont décrété officiellement l’état de famine dans la région aujourd’hui. Une centaine d’enfants meurent chaque jour. Mais le
plus dramatique est que cette catastrophe avait été annoncée l’an dernier par un système d’alerte précoce et la communauté internationale n’a malgré tout pas pu l’éviter. Comment cela est-il possible?
La ministre a répondu à une question antérieure de Mme Brems que la Belgique en était encore à définir ses priorités et que le dossier n’a pas encore été soumis au Conseil des ministres. La Grande-Bretagne a fait connaître ses priorités la semaine dernière déjà. Combien de temps devrons-nous encore attendre avant que la Belgique apporte sa contribution à la lutte contre cette crise?
Mathias De Clercq (Open Vld): La Belgique dégagerait 4 millions d’euros à des fins de soutien. À quelles initiatives cet argent sera-t-il affecté? L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture tiendra une conférence à Rome ce 25 juillet. Comment notre pays pourrait-il mobiliser l’Europe afin d’établir, avec la communauté internationale, un plan de lutte pour faire face à cette catastrophe?
Réponse :
Monsieur le président, chers collègues, je partage évidemment pleinement votre analyse sur la situation de la Corne de l’Afrique. À la suite des effets de la sécheresse conjugués à la hausse des prix des denrées alimentaires, le nombre de personnes confrontées à de graves pénuries alimentaires dans la Corne de l’Afrique a augmenté de façon inquiétante.
Vous le savez, c’est plus de 11 millions de personnes qui, dans la zone, sont touchées par la sécheresse, soit en Éthiopie, au Kenya, en Somalie ou encore à Djibouti. Elles ne peuvent assurer leurs besoins fondamentaux et leur survie dépend entièrement d’une aide humanitaire massive. Il s’agit de la situation d’urgence alimentaire la plus grave au monde actuellement. Mme Georgieva, commissaire européenne à l’aide humanitaire, a d’ailleurs qualifié cette crise deHaïti of this year.
Je partage pleinement les considérations relatives à la spéculation sur les denrées alimentaires. C’est probablement celle qui est le plus à combattre par les autorités internationales.
Quant à l’aspect humanitaire, et dans ce dramatique contexte, j’ai demandé à mon administration de vérifier nos moyens budgétaires et j’ai marqué mon accord de principe sur une contribution de 4 millions d’euros à cette crise via l’allocation de base "aide alimentaire": 3 millions d’euros accordés au PAM, un pour le Kenya, un pour l’Éthiopie et un pour la Somalie. En outre, un million d’euros sera attribué à la FAO dans le cadre de son programme régional destiné à la Corne de l’Afrique.
Mon administration a fait connaître notre engagement aux organisations internationales et discute de la finalisation des projets qui seront soumis le plus rapidement possible et par voie électronique pour décision au Conseil des ministres, lequel a, ce matin, discuté de la situation et s’est dit prêt à agir dans les plus brefs délais.
Le 25 juillet prochain, le directeur général de mon administration participera à la réunion d’urgence de la FAO à Rome. L’objectif est d’évaluer avec précision la crise alimentaire qui fait rage dans la Corne de l’Afrique et de définir une réaction internationale commune, tant à court qu’à moyen terme. Il n’est pas exclu que la Belgique tente également de dégager des moyens supplémentaires.