Réuni sous la présidence d’Olivier CHASTEL, le Comité de la Fédération MR du Hainaut a adopté, ce jeudi 28 octobre, une position de synthèse concernant la problématique de l’Enseignement supérieur et universitaire en Hainaut.
Après un débat préparé et animé par Richard MILLER, Sénateur et membre de la Commission Enseignement Supérieur du Parlement de la Communauté française, et en présence de Messieurs Calogero CONTI, recteur de l’UMONS et Jean-Louis VANHERWEGHEM, Président du CA de l’ULB, Olivier CHASTEL résume la position du Mouvement Réformateur en 6 points :
1. La Fédération MR de la province du Hainaut approuve et soutiendra le renforcement de l’offre universitaire et des hautes écoles en Hainaut.
Cette province présente, pour des raisons liées à son histoire économique et sociale, un taux d’accès à l’enseignement supérieur et universitaire moindre que dans le reste de la Communauté française : on ne peut donc pas faire abstraction du facteur de proximité.
Si le nombre de jeunes entamant des études universitaires est plus faible (pour 10.000 habitants, en Brabant wallon 40 s’inscrivent à l’université ; 25, à Bruxelles, Namur et Liège ; et seulement 17 pour le Hainaut ; et ce, alors que le Hainaut est la province wallonne la plus peuplée), cela est principalement dû au fait que la moyenne des revenus est moins élevée en Hainaut. Ce qui se traduit par un double impact : d’une part, le coût des études constitue un obstacle plus difficile à assumer pour une population plus pauvre et, d’autre part, celle-ci doit supporter davantage de frais de déplacements et de location de kots, pour pouvoir envoyer ses étudiants à Bruxelles, à Liège ou à Louvain-la-Neuve.
A ces éléments « négatifs », il convient d’ajouter un argument positif : dans une province qui, malgré des succès encourageants et prometteurs, peine encore à réussir son complet redressement économique et social, le renforcement d’une activité d’études et de recherches est évidemment un atout de première importance. Un atout pour les habitants du Hainaut et pour les jeunes générations.
L’analyse du MR se fonde donc sur une approche qui concerne l’ensemble de la province, et pas seulement la région montoise, même s’il est évident que les universités montoises, l’Umons – et la Fucam, qui a elle choisi d’intégrer avec Louvain-La-Neuve une Académie à caractère convictionnel – sont au centre de l’offre universitaire en Hainaut. Autrement dit : le MR refuse une logique qui opposerait Mons au reste de la province. Le renforcement de l’offre universitaire et d’enseignement supérieur doit concerner tout le Hainaut, et se traduire à terme par un accroissement réel du nombre d’étudiants, de filières et de moyens.
2. La Fédération provinciale du MR du Hainaut s’oppose au projet de régionalisation de l’enseignement universitaire et supérieur développé par le Ministre Marcourt. En voulant couper la Wallonie de Bruxelles, ce projet va déforcer encore davantage nos universités vis-à-vis des universités étrangères. Ce n’est pas en étant davantage divisées qu’elles pourront s’imposer dans des domaines où l’étude et la recherche sont de plus en plus internationalisées. A l’heure actuelle, on ne peut plus, par exemple, faire face au coût des investissements dans le domaine de la recherche scientifique qu’en rassemblant les unités de recherche, et non en les séparant comme le veut, par idéologie, le régionalisme du Ministre de l’enseignement supérieur.
Le MR déplore également le retard – résultant probablement de ses visées régionalistes – mis par le Ministre dans l’évolution du dossier de l’intégration des Hautes Ecoles au sein des Académies ; en l’occurrence, pour le Hainaut, au sein de l’Académie Wallonie-Bruxelles, pour ce qui concerne les Hautes Ecoles non confessionnelles.
3. Pour le MR, l’Académie Wallonie-Bruxelles, regroupant l’UMONS et l’ULB, est le principal socle du renforcement de l’offre universitaire en Hainaut.
Une Académie est une association d’universités conformément au Décret Bologne de 2004. Il y a actuellement en Communauté française trois Académies : Louvain (UCL, FUCAM, FUNDP, Saint Louis), Wallonie-Europe (ULg, FUSAGX), et Wallonie-Bruxelles (UMONS, ULB). Le MR est radicalement favorable à cette Académie pour plusieurs raisons :
– l’offre universitaire à Charleroi a été créée dans le cadre des Fonds européens Objectif 1, par l’ULB, sous la présidence d’Hervé Hasquin, à travers les implantations de Parenville et de Gosselies ; elle s’est ensuite développée à travers l’Académie UMONS-ULB (Wallonie-Bruxelles), ces deux universités ayant investi des moyens financiers propres importants ;
– l’offre universitaire à Mons s’est développée aussi par le biais de son association avec l’ULB ;
– les statistiques montrent que le recrutement des étudiants de l’ULB porte, après la Région de Bruxelles, principalement sur le Hainaut ;
– par l’association avec l’Académie Wallonie-Bruxelles, les Hautes Ecoles du Hainaut trouveront avec l’ULB des complémentarités universitaires dans des domaines d’habilitation dont l’UMONS ne dispose pas ;
– les principes fondateurs de l’Université Libre de Bruxelles ainsi que ceux de l’Université de Mons sont fortement semblables : libre-examinisme, confiance dans la science et le progrès, pluralisme d’opinions.
Sans se prononcer sur la question de la fusion – sujet qui appartient aux organes directeurs des deux universités – le MR est favorable à la plus grande cohésion entre celles-ci. L’objectif est de dépasser l’état actuel et de sortir d’une situation de concurrence en matière de fréquentation et d’habilitations. Les ambitions légitimes de l’université montoise et des sites universitaires de Charleroi doivent être rencontrées au niveau de l’Académie Wallonie-Bruxelles, avec l’ULB. Ce qui doit primer c’est l’intérêt des étudiants et l’accessibilité à l’offre universitaire.
4. Rappelons que ce que l’on appelle le « pôle hennuyer » existe déjà. Il s’agit d’un pôle d’enseignement supérieur rassemblant six partenaires : l’UMONS (Université de Mons), l’HEH (Haute Ecole de la Communauté française en Hainaut), l’HEPH-Condorcet (Haute Ecole Provinciale de Hainaut-Condorcet), l’ACT (Académie des Beaux-Arts de la Ville de Tournai), le CRM (Conservatoire royal de Mons) et l’ESAPV (Ecole supérieure des arts plastiques et visuels de Mons). Ces six partenaires – une université, deux hautes écoles, trois institutions d’enseignement artistique – comptabilisent entre 18 et 19.000 étudiants, et 2.500 travailleurs). Les formations proposées vont du bachelier professionnalisant au doctorat. Elles couvrent neuf domaines d’enseignement : agronomie, arts, droit, économie et gestion, langues, traduction et interprétation, médecine et paramédical, pédagogie et sciences de l’éducation, sciences appliquées, sciences et techniques, sciences humaines et psycho-sociales. Les cours sont dispensés sur sept sites localisés à Charleroi, Morlanwelz, Mons, Saint-Ghislain, Ath, Tournai et Mouscron.
Ce rappel permet de préciser qu’il ne s’agit pas de créer un quatrième pôle universitaire montois, mais de renforcer l’offre universitaire et d’enseignement supérieur qui, depuis 2002 à travers le RHESU (Réseau Hainuyer d’Enseignements supérieurs et universitaires) existe et fonctionne déjà, en s’étendant de Charleroi à Mouscron. En 2009, le RHESU s’est transformé en l’ASBL Pôle Hainuyer.
5. Le MR hennuyer estime que le financement général des universités et de l’enseignement supérieur est à revoir. Travailler dans un système d’enveloppe fermée, en prenant comme seul instrument de mesure variable le nombre d’étudiants condamne les universités à s’opposer entre elles. D’autres critères – notamment liés aux performances des universités dans les domaines qui sont les leurs – devraient intervenir.
6. L’intérêt des étudiants étant d’avoir accès à un enseignement universitaire et supérieur visant la plus haute qualité, le MR du Hainaut soutiendra toute initiative qui ira dans le sens d’une plus grande accessibilité des jeunes hennuyers à un tel enseignement. En conséquence, la Fédération provinciale du MR demande aux autorités académiques de l’ULB et de l’UMONS d’entretenir le dialogue le plus volontariste afin d’aboutir à la plus grande synergie possible des deux pôles bruxellois et hennuyer, au sein de l’Académie Wallonie-Bruxelles.