Question écrite de M. Richard Miller
Question :
Depuis cinq ans, la Coopération belge distribue gratuitement des manuels scolaires destinés aux classes de troisième, quatrième, cinquième et sixième primaire. Cette aide est particulièrement précieuse puisque la République démocratique du Congo (RDC) fait partie des cinq pays au monde où les enfants sont les moins scolarisés et où le taux d’échec y est le plus élevé.
Cette mission, initialement prévue pour cinq ans s’achèvera le 31 décembre 2011. Bien que l’équipe belgo-congolaise chargée de vérifier si toutes les écoles ont effectivement pu prendre possession de leurs manuels poursuit toujours son enquête, il semble que certains manuels ne soient jamais arrivés à destination, pire qu’ils aient été boycottés par certaines provinces en raison de certaines pages relatives au virus du sida et l’usage des préservatifs.
D’autres sources évoquent également l’intervention du ministre de l’Éducation nationale qui aurait donné instruction de biffer les passages controversés. Certaines voix se sont également élevées pour déplorer que les manuels n’aient pas été imprimés en RDC. Qu’en pensez-vous ?
1) Pouvez-vous nous confirmer ces informations ?
2) Dans l’affirmative, un dialogue avec les autorités congolaises ne serait-il pas plus que nécessaire afin de permettre non seulement le maintien desdits passages dans un pays où selon les chiffres officiels, le taux de séropositivité explose mais également de forcer les provinces, récalcitrantes manifestement sous influence religieuse, à utiliser les manuels ?
3) Concernant la formation des professeurs, actuellement menée par la Coopération belge, certaines voix plaident à raison, me semble-t-il, pour l’instauration d’un système de formation continue à destination des professeurs déjà formés à l’usage des manuels. Ce type de formation est-il déjà envisagé au sein de la coopération ? Dans la négative, qu’inspire ce projet à l’honorable ministre ?
4) Enfin, les élèves de certaines écoles n’ont toujours pas pu prendre possession de leurs manuels, ceux-ci ayant été détournés et revendus sur le marché à prix d’or.
D’après vos informations, s’agit-il d’actes isolés ou sommes-nous en présence d’un détournement organisé ?
L’enquête a-t-elle pu dégager quelques responsabilités ?
Réponse :
En réponse à la question posée par l’honorable Membre, je souhaiterais lui faire part des éléments suivants.
1 & 4. L’objectif de cet ambitieux programme est de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire, en mettant à disposition de chaque élève de 3ème, 4ème ; 5ème et 6ème années un manuel de mathématiques et de français et ce sur l’entièreté du territoire congolais, puisque toutes les écoles primaires agréées par le Ministère de l’EPSP (Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel) devaient recevoir leur lot de manuels. Le programme vise également à former les enseignants sur l’utilisation de ces manuels scolaires pour pouvoir exploiter au mieux ces nouveaux outils. Pour répondre à votre première et dernière questions, je suis bien entendu au courant des problèmes que vous soulevez et notamment qu’un certain nombre de ces manuels ont été retrouvés en vente sur certains marchés de la RDC. Le Ministre de l’Education a été informé de cette situation et nous sommes en dialogue régulier avec lui à ce sujet. Une enquête de la police congolaise à la demande du Ministère de l’Intérieur est d’ailleurs en cours. Ces livres mentionnent en effet explicitement « Don de la Belgique » et ne peuvent donc être vendus. De manière générale, les enquêtes menées par la CTB au Bas Congo, à Lubumbashi et à Kinshasa ont démontré que les écoles qui devaient recevoir les manuels les ont bien reçus et que ceux-ci sont bien utilisés.
Le projet touche à sa fin et nous menons actuellement un inventaire des manuels dans toutes les écoles afin de mieux répartir les stocks disponibles en fonction du nombre d’élèves. Il convient en effet de tenir compte du fait que la gratuité de l’enseignement pour les 3èmes et 4ème a eu pour conséquence une augmentation du nombre d’élèves.
Quant au lieu de production de ces manuels, il est certain qu’une édition locale eut été idéale. Cependant, étant donné l’ampleur du marché, la loi sur les marchés publics impliquait nécessairement un appel d’offre international.
2. La question des pages relatives au virus du sida et à l’usage des préservatifs a en effet posé problème dans le réseau des écoles catholiques. Il semble cependant que ce boycott soit le fait de quelques évêques extrémistes. Le Ministre de l’Education a établi une circulaire à destination des directeurs d’écoles à ce sujet et le point a également été discuté au niveau de la coordination nationale du réseau d’enseignement catholique. Les équipes de supervision de la CTB font également un travail de sensibilisation et de médiation à ce sujet. Il semble donc que cette question, que nous suivons avec attention, évolue favorablement.
3. Au sujet de la formation des enseignants, la formation des professeurs et des directeurs qui a été donnée dans le cadre de ce programme doit être considérée comme une base sur laquelle il faut construire mais pas comme une fin en soi. Il est évident qu’une formation continue est idéale et nécessaire mais qu’elle ne peut être prévue dans le cadre du projet en cours. Cela pourrait se faire dans le cadre d’une coordination, par le Ministère de l’Education, des différents programmes d’appui à la formation continue. Plusieurs pistes ont été données aux ministères dans le but de pérenniser cet appui.
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