Notre Ville est, de tradition, une ville multiculturelle et donc, une ville où cohabitent plusieurs religions. Il y a une part importante de nos concitoyens qui sont , aujourd’hui, de religion musulmane, qui entendent légitimement disposer de lieux de culte, et qui revendiquent la construction de bâtiments nécessaires à l’organisation d’activités communautaires. La création de ces infrastructures est aujourd’hui du ressort d’associations privées, puisque le système de financement public des lieux de culte musulmans n’est pas encore opérationnel. Le dynamisme de ces associations a permis la création d’un certain nombre de lieux de culte qui fonctionnent en harmonie avec les quartiers dans lesquels ils sont situés et qui sont généralement bien acceptés par les riverains.
Pour autant, les pouvoirs publics, et singulièrement le pouvoir communal, ne doivent pas rester absents de cette problématique. D’une part, parce que tôt ou tard, un financement public interviendra dans la construction et l’entretien de ces infrastructures. D’autre part, parce qu’un bâtiment religieux quel qu’il soit, n’est pas un bâtiment comme un autre. C’est un bâtiment qui, par sa portée symbolique, a un impact social beaucoup plus important, et c’est un bâtiment qui représente une communauté. Enfin, il serait irresponsable de négliger le fait que la religion musulmane suscite chez certains de nos concitoyens, une crainte diffuse qui résulte , en partie, de l’ignorance et d’amalgames avec certains mouvements intégristes. J’ai la conviction que, dans ce contexte, le pouvoir communal doit intervenir dans cette problématique et remplir une fonction de médiation en veillant à ce que les revendications légitimes des uns puissent être acceptées par tous. L’agitation suscitée par le projet de création, non pas d’une « super mosquée » ou « d’un pôle islamique » à charleroi-Nord mais d’un centre culturel, vient conforter mon propos.
L’asbl “Al Hidaya” est une asbl honorablement connue, créée en 1974. Les statuts de cette asbl nous indiquent d’ailleurs que son président d’honneur est notre collègue Jean-Claude Van Cauwenberghe, Ministre-Président de la Région wallonne. Elle gère la mosquée de la rue Destrée à Charleroi-Nord, qui est une mosquée très fréquentée et qui semble développer ses activités sans générer une hostilité particulière dans le quartier. Au contraire, ses responsables ont noués de véritables relations amicales avec les riverains. Parallèlement à ses activités purement religieuses, cette asbl développe sur le même site des activités sociales telles qu’une école de devoirs, des formations en informatique, ou des activités d’alphabétisation qui favorisent l’intégration. J’ai d’ailleurs personnellement soutenu la reconnaissance et la subsidiation de ces activités par la Communauté française.
Cette volonté de favoriser l’intégration se manifeste également par les efforts faits par l’asbl pour faire découvrir ses activités. On se rappellera, par exemple, que cette mosquée a invité l’ensemble du monde politique carolo, il y a deux ans à l’occasion de la Fête du Roi. Plus récemment, j’y étais avec nos collègues Lucien Cariat et Jean-Pol Henry pour la fête du sacrifice.
Cette asbl a donc introduit une demande de permis d’urbanisme pour construire un centre culturel sur le terrain qu’elle possède à l’arrière de ses bâtiments actuels.
Les réactions suscitées par cette demande de permis d’urbanisme montrent à l’évidence qu’il est essentiel que notre Ville joue un rôle de médiation et d’accompagnement dans ce type de dossier. Je n’ai, en effet, jamais vu une demande de permis d’urbanisme générer une telle opération de désinformation avec pour conséquences une asbl, qui à juste titre, à l’impression de faire l’objet de malveillance et, d’autre part, des riverains, chez qui, on est parvenu à faire naître la peur, qui s’interrogent et qui font, dès à présent, l’objet de tentative de récupération de la part de l’extrême droite qui, nous le savons, est toujours à l’affût de ces situations où elle peut diffuser son discours de haine et d’exclusion.
La désinformation qui a entouré le dépôt d’une demande de permis d’urbanisme par l’asbl « Al Hidaya » concerne même les éléments objectifs du dossier.
En premier lieu, le permis d’urbanisme concerne la construction, non pas d’un lieu de culte, d’une mosquée et encore moins d’une « super mosquée » mais bien d’un centre culturel à construire sur le même site que celui de la mosquée qui existe déjà à Charleroi-Nord et qui n’a, me semble-t-il, pas suscité de réactions jusqu’à présent.
Ce centre culturel a une superficie au sol de 1400 m2 et non pas de 6400 m2 comme cela a été indiqué erronément. 6400 m2 est la superficie du terrain sur lequel ce bâtiment doit être construit.
Ce bâtiment ne comporte ni minaret ni même une coupole apparente comme cela a pourtant été indiqué par certains.
Enfin, ce bâtiment doit être construit à front de rue mais dans une rue où il n’y a que très peu d’habitations et avec pour seul vis-à-vis les bâtiments du tennis du Mambourg qui n’ont pas de leçons d’esthétique à donner.
Donc, quand on laisse se propager une information annonçant la création d’une mosquée de 6400 m2 dans un quartier en comptant déjà deux, on suscite inévitablement des réactions disproportionnées.
Il s’agit là en substance de l’information contenue dans le communiqué diffusé par le parti socialiste de Charleroi-nord et de l’information reprise par un de ses cadres dans les interviews qu’il a données tant à la presse écrite que dans la presse audiovisuelle. C’est enfin, sur base de ces informations, qu’une pétition a été suscitée pour s’opposer au projet.
Dans un tel contexte, vous pouvez vous imaginer, d’une part, le désappointement de l’asbl « Al Hidaya » et d’autre part, les réactions des riverains.
C’est cette situation qui m’amène à formuler la proposition que la Ville puisse jouer dans ce type de dossier, un rôle de médiation et de coordination.
Si la Ville avait entretenu un dialogue préalable avec les autorités musulmanes, elle aurait pu tout d’abord intervenir dans la confection du dossier et éviter que quelques erreurs techniques soient commises. Elle aurait également pu faire œuvre de pédagogie en annonçant le projet sur base d’une information correcte en ramenant le projet à sa juste dimension, c’est-à-dire la création d’un centre culturel annexé à une mosquée déjà existante.
Une telle communication aurait, à mon sens, été mieux acceptée par nos concitoyens et aurait évité d’inutiles polémiques qui ont malheureusement pour conséquences d’opposer nos concitoyens d’origine différentes et de permettre à l’extrême-droite d’assurer la publicité de son idéologie haineuse.
Le carolo-service aurait été, par exemple, l’instrument idéal d’une telle communication.
Enfin, cela aurait évité à nos concitoyens musulmans d’être une fois de plus au centre de polémiques injustes.
Voilà les raisons qui m’amènent à défendre l’idée de la création d’un organe consultatif réunissant les autorités religieuses musulmanes et des représentants politiques de notre Ville.
Cette proposition est, me semble-t-il, d’autant plus nécessaire que nous voulons faire barrage collectivement à la propagande démagogique du Front national et faire en sorte que nos concitoyens puissent vivre dans une atmosphère de tolérance et de respect mutuel.