Question écrite de Mme Fabienne Winckel
Question :
La Commission européenne a annoncé souhaiter réformer le système de reconnaissance des
qualifications professionnelles afin d’encourager la mobilité des travailleurs.
Plusieurs professions bénéficient déjà actuellement d’un régime de reconnaissance entre États
membres, mais cette procédure prendrait parfois jusqu’à trois mois.
L’Union européenne envisagerait donc de créer pour les secteurs qui le souhaitent une " carte
professionnelle européenne ", laquelle stipulerait l’identité, les qualifications et l’organe
certificateur des travailleurs afin d’accélérer la reconnaissance dans tous les pays, et écarter les
détenteurs de faux diplômes.
La Commission propose également d’établir un système d’alerte européen pour les
professionnels de la santé afin d’éviter qu’un médecin interdit d’exercice pour mauvaises
pratiques dans un pays membre n’aille s’établir dans un autre et y poursuive ses activités.
Les États membres ont-ils été consultés à ce sujet ? Si oui, quelle réponse a donné la Belgique ?
Quelles ont été les réponses des autres États membres ? Des mécanismes seront-ils mis en place
afin que les pays, dans lesquels les revenus sont les plus faibles, ne rencontrent pas de pénurie
dans les secteurs d’activité concernés par cette carte ? Les secteurs seront-ils les seuls à décider
de leur entrée dans ce système ?
Réponse :
En réponse à la question posée par l’honorable membre, je peux lui communiquer les éléments
suivants :
1. La modernisation du système de reconnaissance des qualifications professionnelles
(Directive sur les Qualifications Professionnelles 2005/36/CE), en tant que moyen visant à
faciliter la mobilité professionnelle, constitue une des actions prioritaires proposées par la
Commission dans l’Acte pour le marché unique. Son impact sur la compétitivité de l’Europe est
également souligné dans la Stratégie Europe 2020.
2. C’est dans ce cadre que la Commission européenne a procédé, du 07.01 au 15.03.11, à
une consultation publique. Parmi les différentes parties intéressées, les Etats membres ont
également été consultés, notamment à travers leurs autorités responsables pour les différentes
professions réglementées.
3. Du côté belge, le SPF Santé publique a transmis à la Commission européenne une réponse
à certaines questions touchant, en particulier, le secteur de la santé. Il y explique, en particulier,
sa position critique, à ce stade, à l’égard d’une carte professionnelle européenne dans ce secteur.
Le Conseil Supérieur des Indépendants et des PME, en tant qu’organe consultatif fédéral, a
également transmis, de son côté, une contribution écrite.
Je me permettrais de renvoyer l’Honorable Membre aux textes de ces différentes réponses, en ce
compris sur la position des autres Etats membres, disponibles sur le site de la Commission
européenne
(http://ec.europa.eu/internal_market/consultations/2011/professional_qualifications_fr.htm).
Compte tenu de ce qui précède, j’inviterais par ailleurs l’Honorable Membre à adresser sa
question à la Vice-Première Ministre et Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique,
chargée de l’intégration sociale.
4. Les résultats de cette consultation publique font à présent l’objet d’un Livre vert (COM
(2011) 367 final), publié le 22 juin 2011. Ce Livre vert est adressé à toutes les parties
intéressées à lui soumettre leurs contributions avant le 20.09.11.
5. Dans celui-ci, la Commission européenne propose la mise en place d’un mécanisme d’alerte
pour les professions de la santé ; elle propose aussi d’étendre l’obligation faite au professionnel
qui souhaite fournir des services à titre temporaire, au professionnel qui souhaite s’établir de
manière permanente dans un autre Etat membre. Ce dernier devrait alors prouver qu’il a le droit
d’exercer sa profession dans son Etat membre d’origine et qu’il ne fait l’objet d’aucune
interdiction motivée. La Commission européenne vise ici explicitement les médecins interdits
d’exercice dans un Etat membre de s’installer ainsi dans un autre.
6. Le Livre vert fera l’objet d’une présentation et d’un échange de vues au Conseil
Compétitivité du 29 et 30 septembre, suivi d’une proposition législative en décembre. Je puis
assurer l’Honorable Membre que la future position politique belge, à défendre au sein du
Conseil UE, sera déterminée avec l’implication de tous les départements concernés, au sein de
la Direction générale des Affaires européennes et Coordination de mon Département.
J’attacherai une attention particulière à défendre au mieux nos intérêts dans ce dossier.
[:]